La gauffre et le moineau
Agglutinés en quête de pause estivale, plage de centre-ville de la très jolie commune de St Jean comme on dit ici, il y a du monde. Et du bruit. J’ai du mal à entendre les vagues et le vent léger. Les maisons rouges et blanches du Pays Basque ont vu passé trop de saisons, elles ne sont même plus émues. Nous sommes trop nombreux sur Terre et surtout aux mêmes endroits aux mêmes moments. Comportement grégaire et conditions sociétales, servitude du congé payé, salarié = août. Crème solaire dans l’eau, poissons qui meurent ou qui fuient au large, cris d’enfants plutôt joyeux, vibration de la ville, voitures, climatiseurs, avions, je deviens sourd.
Arrive le goûter
Plaisir sucré quasi quotidien en vacances me concernant, conditionnement glycémique, je commande avec les enfants la gaufre chocolat “maison”. Première bouchée et dose de sucre envoyée à la vitesse de la lumière dans le cerveau qui en réponse, me dit : tout va bien, grossis. Je cherche des yeux la faune sortis des “en-laissés” de la digue derrière moi. Certainement pas la bonne heure pour les goélands, je reste sur ma faim. Demi déception car je les trouve trop gros. Et sinon ?
Perdu dans ma quête pseudo écolo, je crois percevoir le cri d’un moineau qui piaille. Bingo, où est-il ? A quelques centimètres de ma main, il me demande avec son regard alternant propre à la volaille s’il peut ?
Après-vous …
Je sourie même si je doute fort que cela l’intéresse. Mon immobilisme doit transpirer la bonne volonté, je lui fais un signe du regard et bon appétit. Il grimpe en sautillant sur mon pouce et croque comme un carnivore qu’il ne sera jamais un centimètre de ma gaufre. Il le débite en deux et disparaît quelques secondes puis revient pour son deuxième morceau. Il n’a pas touché au chocolat, il commence à me connaître.
Les goélands à la plage sont grossiers, les pigeons dans les parcs ne passent pas les contrôles sanitaires, ce moineau m’a surpris et tant meiux pour lui. Famille en déclin car disparition de la biodiversité grâce à nos illustres performances, les oiseaux résistent autant que possible. Alimentation déglinguée par nos excès, ils se battent. Ils n’ont ni ambition ni flemme. Ils n’ont ni colère ni sagesse, pas d’égo, pas d’estime de soi déréglée, juste un élan vital. Dans cette mascarade généralisée, cela me manque souvent.