L'exil du commercial
Un voyage sans fin. Une voiture plus ou moins froide selon les saisons. Les mêmes routes prises régulièrement, d’autres véhicules. Rencontrer d’autres personnes pour les convaincre, les séduire, les faire acheter ceci ou cela. Ecouter, argumenter, parfois rire, des fois boire aussi. Reprendre la voiture pour passer au suivant. Faire une photo en conduisant. Aller au restaurant et s’entendre “Vous êtes seul ?” pour la 20ème fois du mois. Prendre un coca pour ma dose de sucre et faire monter la glycémie. Refaire quelques photos pour immortaliser cette traversée de la vallée de la vente. Erreur d’orientation, merci à mon adolescence et mes études ratées. Ah oui, je parle bien donc vendeur c’est bien. Ah bon ?
Recevoir les appels des autres codétenus volontaires. Autre secteur, même galère. Nouveau sucre. Recevoir les appels de la direction. Trop ceci, trop cela, des encouragements aussi. Journée qui défile. Arrivée à l’hôtel et accueil personnalisé parfois, d’autres non. Toujours ces réceptionnistes souriants pour une tentative de service client à noter sur Google. Je n’ai pas choisi d’être là mais ils ne le savent pas. Je sourie en façade, c’est pratique, moins de questions. Une chambre, une autre, un hôtel, un autre. Répétition. Allez dîner seul et encore la même phrase : oui toujours seul. Une bière cette fois-ci, assez de sucre. Une viande et des légumes. Dormir après trop de temps sur le téléphone. Je ne sais plus où je suis quand je me réveille. Une douche et le reste, on connaît. Il n’y a qu’à appuyer sur REPEAT. Encore une photo au soleil levant.